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Vincent Gaze, victime des mesures sur l’immigration

Après huit ans au Québec
Vincent Gaze devra tristement dire au revoir à Matane dans les prochains mois. (Photo LeSoir.ca – Dominique Fortier)

Vince Gaze, un immigrant de l’île de la Réunion, devra faire ses valises et rentrer à la maison après un séjour de huit ans dans l’Est-du-Québec.

En 2017, Vincent posait sa candidature pour venir étudier au Québec. Cette dernière fut approuvée et dès l’année suivante, le jeune homme sautait dans l’avion à destination de Rimouski. Après un an, il décidait de se réorienter en multimédia. Il a donc porté son baluchon jusqu’à Matane où sa nouvelle vie allait débuter.

Pendant ses trois années d’études, Vincent s’est fait des amis et a développé un sentiment d’attachement envers sa ville d’adoption. Il s’est même joint au club de boxe de Matane où il est rapidement devenu un redoutable pugiliste. « Lorsque j’ai obtenu mon diplôme de fin d’études collégiales, j’ai pu avoir un permis de travail ouvert qui me permettait de travailler un peu partout. Il était d’une durée de trois ans. »

Le néo-Matanais a donc bossé dans différents boulots. La prochaine étape de son parcours d’immigration était d’obtenir sa résidence permanente. Les deux façons de l’obtenir étaient par le biais du programme de l’expérience québécoise qui s’adresse aux travailleurs étrangers temporaires ou aux étudiants diplômés du Québec. « Je me suis renseigné et on m’a dit qu’en raison de mon diplôme, ça serait relativement facile. »

Revirement de situation

Ce qui devait s’avérer être une simple formalité administrative est rapidement devenu une douche d’eau glaciale. « En 2024, alors que je préparais mon dossier, j’apprends aux nouvelles que le gouvernement du Québec suspend le programme de l’expérience québécoise. Cette décision a été soudaine et dès le lendemain, on ne pouvait plus soumettre aucune demande. Donc, le dossier que je montais depuis maintenant un mois ne servait plus à rien », déplore-t-il.

Devant ce revirement de situation inattendu, Vincent Gaze se tourne vers d’autres options. Celle qui semble la plus viable et le programme pour les travailleurs étrangers. Or, pour être admissible, il faut avoir travaillé au moins deux ans dans une catégorie de métier déjà ciblée par le gouvernement. On parle notamment de postes de gestionnaires et autres métiers spécialisés.

Le problème est que Vincent ne travaillait pas dans un métier ciblé par le programme de travailleurs étrangers. « Je venais de compléter le Cégep, donc j’ai fait plusieurs petits boulots qui ne cadraient pas dans ces catégories. Par la suite, j’ai été embauché chez Toujours Dimanche et j’ai éventuellement obtenu un poste de gestion. Je croyais donc avoir rempli les exigences, mais après révision de mon dossier, on m’apprend que je n’ai que 22 des 24 mois requis pour me qualifier au programme. C’était donc une autre porte qui se fermait. »

De moins en moins d’options

Voyant les options devenir de plus en plus minces, Vincent partage sa situation sur les réseaux sociaux. À ce moment, les députés Alexis Deschênes et Pascal Bérubé l’ont contacté.

« Au début, ça semblait encourageant puisque le conseiller de Pascal Bérubé m’a dit qu’il y avait possiblement quelque chose à faire. Malheureusement, un peu plus d’une semaine plus tard, il m’apprenait que ses démarches n’avaient pas été fructueuses puisque la fin du programme avait été décrétée dans le cadre d’une loi, ce qui réduisait considérablement sa marge de manœuvre. »

Une autre option aurait été d’obtenir un permis de travail fermé, mais malheureusement, le gouvernement a abaissé les quotas de travailleurs étrangers. Conséquemment, l’employeur de Vincent avait déjà atteint le nombre maximal de travailleurs étrangers.

Devant ce nouveau revers, le jeune homme voit le temps filer puisque son permis de travail prend fin le 17 décembre. À ce point, la seule option est de rentrer à la maison. « Ça m’a franchement dégoûté puisque j’ai sacrifié beaucoup pour venir ici. Ça fait huit ans que je suis ici. J’ai étudié, j’ai travaillé et j’ai contribué à la communauté et du jour au lendemain, on me dit que je n’ai plus le droit de vivre ici. »

Vincent ne comprend pas la mentalité du gouvernement. « On entend partout qu’on veut peupler les régions. Moi, je suis là, j’adore Matane mais on me dit que ce n’est plus possible. Ils jouent avec la vie des gens. »

La fin d’une aventure

C’est donc la fin du parcours de Vincent Gaze en sol matanais. « Du jour au lendemain, j’ai dû changer ma vision de la vie. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de messages de soutien depuis que la nouvelle est tombée. C’est une des raisons pour laquelle j’adore Matane. C’est une ville incroyable avec des gens incroyables. »

Le 17 décembre sera officiellement sa dernière journée de travail. Par la suite, il devra faire ses bagages et quitter le Canada. « Pour l’instant, je ne sais pas ce que je vais faire à mon retour à la Réunion. Je vais réessayer de refaire ma vie là-bas. Au moins. Je vais retrouver mes proches et ma famille », conclut-il.

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