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Reflets dansants: le parcours qui a illuminé Marsoui

Marsoui s'illumine
Le parcours se termine sur le mur de l’église de Marsoui. (Photo LeSoir.ca – Johanne Fournier)

Le rideau est tombé, le dimanche 28 septembre, sur un parcours lumineux audacieux qui aura marqué une partie de l’été et de l’automne de Marsoui. Présenté à partir du 24 juillet, le projet numérique Reflets dansants, qui projetait des images sur deux édifices patrimoniaux du village, aura permis à des centaines de visiteurs de découvrir la danse contemporaine sous un jour nouveau.

Présentée dans le cadre des Journées de la culture, l’avant-dernière représentation à laquelle a assisté Le Soir a attiré une quarantaine de personnes venues assister à cette création originale de 25 minutes, suivie d’une discussion avec la directrice artistique Julie Dalbec et animée par Emma Desgens. La soirée s’est terminée sur les notes du DJ Sovann pour célébrer le troisième anniversaire de L’Hybride café & librairie de Marsoui.

Quand la danse rencontre l’architecture

Le concept de Reflets dansants mariait habilement la cinédanse et le territoire gaspésien. Sur les murs de La Couquerie et de l’église de Marsoui, des images chorégraphiques ont pris vie grâce au travail minutieux de la réalisatrice Sonya Stefan. Accompagnées de narrations réalisées par Julie Dalbec, ces projections capturaient notamment l’essence changeante de la météo gaspésienne.

«En 20 ans que je viens ici, j’ai toujours été extrêmement fascinée par la météo, confie Julie Dalbec, qui possède une maison à Rivière-à-Claude depuis 15 ans. Je me lève le matin, c’est calme, c’est une journée chaude. Puis, une heure plus tard, tout brasse, tout change. Cette espèce de folie qu’il y a ici avec le temps va vraiment bien avec la danse.»

Le parcours se déclinait en quatre tableaux représentant autant de moments de la journée que de saisons, chacun avec son rythme et son style musical.

Création collaborative à distance

Le projet a mobilisé une équipe de 12 artistes. La collaboration s’est orchestrée principalement à distance, entre Montréal et la Haute-Gaspésie. Dès septembre 2024, Julie Dalbec et Sonya Stefan se réunissaient chaque vendredi matin pour faire avancer la création. «J’avais super hâte à ces vendredis-là; c’était vraiment de belles rencontres», se souvient la directrice artistique.

Le compositeur gaspésien Guillaume Campion a relevé le défi musical, travaillant en étroite collaboration avec l’équipe pendant trois à quatre mois. La conception d’éclairage a été confiée à Sébastien Pedneault de Trois-Pistoles, un professionnel reconnu internationalement.

Les images chorégraphiques provenaient de 18 œuvres canadiennes de cinédanse, puisées dans la collection Regards hybrides,qui regroupe une soixantaine de créations des années 1960 à nos jours. Des artistes de Vancouver, de Toronto et du Québec ont accepté que leurs œuvres soient remaniées pour ce projet unique.

Le parcours lumineux commençait à l’ancien restaurant La Couquerie. (Photo LeSoir.ca – Johanne Fournier)

Village en effervescence

Les quelque 280 habitants de Marsoui ont accueilli ce projet d’envergure avec enthousiasme. Julie Dalbec a personnellement cogné aux portes des résidents vivant près des sites de projection pour s’assurer de leur adhésion.

«La mairesse [Renée Gasse] a été extraordinaire. Elle est extrêmement fière de la culture dans sa municipalité. Tout le monde a été d’accord. Il y a même quelqu’un qui m’a prêté un balai. C’est devenu quelque chose de familial.»

L’installation technique a nécessité huit jours de travail intense. Composée de professionnels d’expérience, l’équipe a parfois travaillé jusqu’à 3h du matin pour peaufiner chaque détail. «On a changé des choses jusqu’à la dernière minute», raconte Julie Dalbec.

Avenir incertain, mais possible

D’un coût de 450 000$, le projet a été rendu possible grâce au financement du Conseil des arts du Canada, de commanditaires privés et principalement du ministère de la Culture et des Communications du Québec. La location de l’équipement technique sophistiqué, fourni par Solotech de Montréal, représentait une part importante du budget.

Selon Mme Dalbec, une réinstallation du parcours l’été prochain nécessiterait environ 150 000$, principalement pour l’équipement. «C’est toujours une question de bourse; c’est le nerf de la guerre», explique Priscilla Guy, la directrice générale et artistique de Mandoline hybride de Marsoui, l’organisme à l’origine du projet.

Emma Desgens a animé une discussion avec la directrice artistique du projet, Julie Dalbec (à droite). (Photo LeSoir.ca – Johanne Fournier)

L’art numérique pour démocratiser la culture

Pour Julie Dalbec, ce projet illustre le potentiel de l’art numérique pour rejoindre de nouveaux publics. «Je crois que le numérique ouvre une accessibilité pour certaines personnes qui ne connaissent pas les arts, qui n’aiment pas aller dans les musées. J’ai vu plusieurs personnes marcher dans le village seulement parce qu’elles trouvaient ça beau. C’est une belle façon d’apprécier l’art.»

Avec Reflets dansants, la municipalité de Marsoui aura démontré qu’un projet culturel ambitieux peut rayonner bien au-delà des grands centres urbains, pour peu qu’on ait le courage et la vision de le réaliser.

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