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Référendum de 1995: l’Est, bastion du OUI

Le premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, entouré du chef du Bloc québécois, Lucien Bouchard, salue ses partisans alors qu’il lance sa campagne pour le référendum sur la souveraineté du 30 octobre 1995. (Photo La Presse Canadienne- Jacques Boissinot)

Trente ans après le référendum historique, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie se souviennent de l’appui massif à la souveraineté.

Le 30 octobre 1995 restera gravé dans la mémoire collective québécoise comme l’un des moments les plus déterminants de son histoire.

Si le non l’a emporté à l’échelle du Québec par la mince marge de 50,58 % contre 49,2 %, l’histoire a été tout autre dans l’Est-du-Québec, où le oui a triomphé avec éclat.

Dans ces territoires, le vote souverainiste a atteint des sommets remarquables. La circonscription de Matapédia a enregistré le meilleur résultat avec 64,3 % d’appui au oui, suivie de près par Rimouski avec 63,73 % et Matane avec 62,46 %.

Même Gaspé, réputée plus modérée, a donné 58,5 % de ses voix au camp souverainiste. Seule Bonaventure a résisté, votant non à 52 %, avec une différence d’à peine 645 voix.

Ces résultats exceptionnels au référendum de 1995 s’expliquent par une mobilisation sans précédent. Le député de Matane de l’époque et délégué régional pour le référendum en Gaspésie se souvient d’une organisation méticuleuse.

« Dans la région, on s’était donné comme objectif d’aller chercher un bon score pour le oui à partir des Îles-de-la-Madeleine jusqu’à Rivière-du-Loup », raconte Matthias Rioux.

Vaste coalition

La stratégie du camp du oui s’appuyait sur une vaste coalition regroupant enseignants, syndicalistes, artistes et leaders communautaires.

Les syndicats comme la CSN et la FTQ ont joué un rôle crucial dans cette mobilisation populaire. Dirigée par l’ex-députée de Rimouski-Témiscouata, Monique Vézina, la Commission sur l’avenir du Québec avait parcouru les MRC pour recueillir les aspirations des citoyens.

« Je n’ai jamais revécu une aussi grande concertation des forces vives du Bas-Saint-Laurent pour atteindre un objectif commun, souligne l’ex-députée de Matapédia, Danielle Doyer. C’était merveilleux ! » Elle décrit des journées de travail acharnées, partant de chez elle à l’aube pour ne rentrer qu’après minuit, portée par l’adrénaline et l’enthousiasme populaire.

La Commission sur l’avenir du Québec avait parcouru les MRC pour recueillir les aspirations des citoyens. (Photo courtoisie)

L’ancienne parlementaire se souvient de l’été 1995, alors que le premier ministre Jacques Parizeau était débarqué à Sainte-Luce, où des milliers de militants et de partisans du camp du oui l’attendaient, dont l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu. Pour l’occasion, le « chapiteau de la souveraineté » avait été érigé.

À quelques jours du scrutin, plus précisément le 11 octobre 1995, le chef du Parti québécois avait aussi rendu visite aux militants du oui à Matane.

Taux de participation de 90 %

Les taux de participation au référendum ont frôlé ou dépassé les 90 % au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, témoignant de l’engagement citoyen exceptionnel. 

Dans ces régions, le projet souverainiste résonnait avec des préoccupations locales bien réelles : décentralisation des pouvoirs, contrôle des ressources naturelles, protection des acquis sociaux et développement économique régional.

Victor-Lévy Beaulieu était un partisan du camp du oui. On le voit ici lors d’un grand rassemblement à l’été 1995 à Sainte-Luce. (Photo courtoisie)

Bien que présent, le camp du non demeurait minoritaire et plus discret. Soutenu par le Parti libéral du Québec et le Parti libéral du Canada, il comptait sur certains maires, entrepreneurs et membres de la communauté anglophone.

Charest en Gaspésie

Jean Charest, alors chef du Parti progressiste-conservateur du Canada, avait fait campagne dans l’Est-du-Québec, notamment à Bonaventure, où son influence avait contribué à la victoire du non.

C’est du moins ce qu’en pense le président de l’Association libérale de la circonscription de Bonaventure en 1995 et fervent défenseur de l’option du non, Fabrice Bourque.

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