Fermetures de commerces: le milieu garde espoir
Économie matanaise
Est-ce que les fermetures de différents commerces de Matane dans les dernières semaines sont le signe d’une tendance dont il faudrait s’inquiéter? Le Soir a posé la question à quelques intervenants du milieu.
Aux premières loges, le maire Eddy Métivier, ne croit pas qu’il faille voir un déclin économique dans les récentes fermetures de commerces. « Ce n’est pas facile pour les petits commerçants, c’est certain, mais Matane ne se porte pas plus mal que d’autres villes au Québec. Au contraire, je sens plutôt que ça va généralement bien. »
Le maire matanais pense au parc industriel qui fonctionne bien alors que Duravit a le vent dans les voiles. Il mentionne aussi Marmen qui est en bien meilleure posture qu’il y a deux ans. « Je pense aussi aux habitations Mont-Carleton qui vont également aider à générer des emplois. »
Pour ce qui est des fermetures comme l’école Et que ça danse! ou Chef Fred poutinerie, Eddy Métivier s’attriste de leur sort. « La pandémie a servi de prétexte à de nombreuses explosions de coûts chez certains fournisseurs et nos commerçants en ressentent les contrecoups. Ce n’est jamais facile de voir nos entreprises fermer leurs portes. Quant à la Ville, on ne peut pas directement aider ces entreprises, mais il y a toujours des outils qu’on peut déployer, comme des crédits de taxes. Maintenant, il est clair que pour une ville, il doit y avoir des choses à faire et c’est pourquoi on soutient des initiatives porteuses et uniques qui attirent des gens. »
Une bouffée d’air frais
Le directeur général de Développement économique Matanie, Jean Langelier, abonde un peu dans le même sens. « Les perspectives pour les 24 à 36 mois en Matanie sont très intéressantes sur le plan de l’emploi. Habitation Mont-Carleton, Marmen, Groupe Océan et Duravit sont en bonne santé. »
Jean Langelier décortique les fermetures récentes comme des cas uniques, dans le sens que chaque commerce a son propre lot de défis. « Dans le cas des restaurants, il en ouvre et il en ferme à tous les jours. Il faut aussi considérer l’économie changeante avec l’achat en ligne qui affecte d’autres types de détaillants qui doivent redoubler d’ingéniosité pour se démarquer. En conclusion, je ne crois pas qu’on doive s’inquiéter davantage. C’est la roue qui tourne. »
Le commerce de détail et du loisir mis à mal
La directrice générale de la SADC de la région de Matane, Annie Fournier, constate que le commerce de détail et du loisir a certaines difficultés de manière généralisée à travers le Québec.
« Je lisais récemment une étude qui disait que 41 % des restaurants au Québec roulent à perte ou sans faire de profit. Avec le climat d’incertitude qui plane et l’inflation, c’est souvent ce secteur de l’économie qui écope et les gens consomment moins qu’à l’habitude. C’est certain que l’année qui s’en vient risque d’être difficile pour certains. Il faut aussi rappeler que la solution ne passe pas toujours par l’endettement », ajoute-t-elle.
Annie Fournier ne voit toutefois pas d’hémorragie à l’horizon. « Je ne dis pas que ça va bien partout, mais nous sommes chanceux d’avoir le secteur industriel et manufacturier qui fonctionne bien. Du côté de la SADC, on peut aider les entreprises qui ont plus de difficultés en regardant comment elles peuvent être plus rentables. On peut les accompagner. »
D’une autre part, la directrice de la SADC croit qu’il faut continuer d’encourager les gens à se tourner vers les entreprises d’ici. Elle mentionne notamment la campagne d’achat local de la Chambre de commerce et d’industrie de La Matanie. « Il y a aussi une stratégie d’attractivité qui va être importante à déployer. »
Quant à la suite des choses, Annie Fournier ne voit pas un effondrement de l’économie. « À part l’épicerie où l’on fait le saut à chaque fois, l’inflation semble se calmer un peu. On ne peut évidemment pas prédire l’avenir, mais je pense que nous sommes en bonne position pour nous en sortir. »


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