Les deux toquées: un triomphe théâtral à Saint-Ulric

Ce qui devait être une simple série de représentations s’est transformé en phénomène culturel local. La pièce Les deux toquées, récemment présentée au Théâtre du Vieux garage de Saint-Ulric, a connu un succès si retentissant que près de 800 spectateurs ont assisté aux différentes représentations, du jamais-vu pour la troupe Une petite gêne sur scène.

Initialement programmée du 22 au 31 août, la comédie a fait salle comble lors de chacune de ses représentations. Face à la demande exceptionnelle, deux représentations supplémentaires ont été organisées les 11 et 14 septembre, elles aussi à guichet fermé. Une représentation gratuite aura lieu le 26 septembre à 19h30 dans le cadre des Journées de la culture.

«Après la dernière représentation, les gens appelaient à la maison pour me dire qu’ils auraient voulu voir la pièce, explique l’auteur de la pièce, qui est également le metteur en scène et le directeur de la troupe, François Larocque. C’était fou, le nombre de téléphones auxquels on a répondu par jour!»

Une création sur mesure pour deux amies

Les deux toquées raconte l’histoire tumultueuse de Solange et Mariette, deux femmes dont l’amitié est mise à rude épreuve lorsque la première demande à l’autre de l’héberger. La cohabitation tourne rapidement au vinaigre, donnant lieu à des chicanes aux proportions épiques, avant que la pièce se termine sur une note surprenante.

La pièce a été spécialement écrite par François Larocque pour Guylaine Labrie et Nancy Durette, deux comédiennes originaires de Saint-Ulric et amies depuis l’âge de 12 ans. «C’est vraiment dur de trouver une pièce à deux comédiennes», confie l’auteur, qui s’est inspiré de duos comiques légendaires comme Sol et Gobelet ainsi que Laurel et Hardy.

Approche rigoureuse

Le succès de la production repose sur une préparation méticuleuse. L’équipe a réalisé 13 enchaînements complets avant la première représentation publique, un luxe que peu de troupes amateures peuvent s’offrir. «Je les ai amenées à travailler d’une manière avec laquelle elles m’ont dit qu’elles n’avaient pas encore travaillé, c’est-à-dire qu’on place tous les détails dès le départ», précise François Larocque.

Cette discipline s’est étendue jusqu’en vacances. «Même en camping, on faisait des lectures à l’italienne par téléphone», se souvient Guylaine Labrie, qui incarne le personnage de Solange Marcotte. 

Les deux comédiennes tiennent également à souligner le travail essentiel d’Angèle Laferrière à la régie de plateau. «On ne s’en serait pas sorti si Angèle n’avait pas été là», précise Nancy Durette, qui campe le rôle de Mariette Joli. 

Comédie touchante

Au-delà des gags et des jeux de mots, Les deux toquées aborde un thème universel: la solitude. «Ce sont deux femmes seules qui se retrouvent ensemble pour essayer de briser leur solitude, indique François Larocque. C’est un sujet qui est tellement proche de bien du monde de notre époque, dont les gens âgés.»

Cette dimension permet au public de se reconnaître dans les personnages, malgré leurs travers. «Il y a beaucoup de gens qui viennent voir la pièce et qui peuvent peut-être se reconnaître dans les drôleries et les petitesses de ces personnages-là», observe l’auteur.

Phénomène inexpliqué

Pour la troupe Une petite gêne sur scène, qui célèbre cette année son 25^e anniversaire avec sa 36^e production, ce succès demeure en partie mystérieux. «Quand on avait 35 à 40 personnes, on était content», avoue M. Larocque, encore étonné par l’ampleur du phénomène.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet engouement: la popularité locale des deux comédiennes, le bouche-à-oreille, le titre accrocheur ou encore l’affiche montrant «les deux femmes hilares». Néanmoins, le metteur en scène n’en a pas la certitude. «Si j’avais la recette, je la réutiliserais!»

L’avenir des «toquées»

Face à ce succès, l’équipe envisage déjà la suite. «Certains souhaitent Les toquées 2, révèle François Larocque, qui imagine déjà des déclinaisons: Les toquées au spa nordique ou Les toquées dans un tout-inclus.

Cependant, après l’effort intense de cette production, soit 42 pages de répliques à mémoriser, les comédiennes méritent une pause, estime le directeur de la troupe. Une année sabbatique permettra de préparer une éventuelle suite pour l’automne 2026.

En attendant, ce triomphe théâtral local prouve qu’avec du talent, de la discipline et une bonne dose de folie, même une troupe amateur peut connaître un succès monstre et toucher le cœur de centaines de spectateurs.

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